Juridique
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Tout savoir sur le contrat de mise à disposition en intérim

Sommaire

À ne pas confondre avec le contrat de mission conclu entre l'entreprise de travail temporaire et l'intérimaire, le contrat de mise à disposition est un contrat commercial conclu entre l'entreprise de travail temporaire et l'entreprise utilisatrice de l'intérim.

Dans quels cas pouvez-vous recourir au travail temporaire ?

Le code du travail énumère les cas de recours au travail temporaire.

Quels sont les cas de recours autorisés ?

Le remplacement

Ce cas de recours permet de remplacer un salarié pour un motif :

  • d'absence
  • de suspension de son contrat de travail
  • de départ définitif précédant la suppression de son poste de travail
  • d'attente de l'entrée en service effective d'un salarié recruté en CDI
  • de passage provisoire à temps partiel

L'accroissement temporaire d'activité

Ce motif peut recouvrer les situations suivantes :

  • commande exceptionnelle à l'exportation
  • travaux urgents nécessités par des mesure de sécurité
  • tâche occasionnelle

Les emplois temporaires par nature

Il s'agit des emplois à caractère saisonnier ou pour lesquels, dans certains secteurs d'activité, il est d'usage constant de ne pas recourir au CDI en raison de la nature de l'activité exercée ou du caractère temporaire par nature de ces emplois.

Les travaux saisonniers sont les tâches appelées à se répéter chaque année selon une périodicité à peu près fixe ou en fonction du rythme des saisons.

Quels sont les cas de recours interdits ?

La grève

Il est interdit de faire appel à un salarié intérimaire pour remplacer un salarié donc le contrat est suspendu par suite d'un conflit collectif de travail.

Les travaux interdits

Le recours au travail temporaire est interdit pour effectuer des travaux particulièrement dangereux.

Le remplacement d'un médecin du travail

Il est interdit de conclure un CTT pour remplacer un médecin du travail. Cette interdiction vise à assurer l'indépendance du médecin du travail vis-à-vis de l'employeur.

Le licenciement économique

Lorsque l'entreprise utilisatrice a procédé à un licenciement économique, dans les 6 mois qui suivent ce licenciement, le recours à l'intérim pour le motif d'accroissement temporaire d'activité (y compris pour l'exécution d'une tâche occasionnelle) est interdit. Cette interdiction ne concerne que les postes touchés par le licenciement.

En revanche, l'interdiction ne s'applique pas si le contrat est non renouvelable et qu'il n'excède pas 3 mois ou s'il est lié à la survenance d'une commande exceptionnelle à l'exportation.

Que contient le contrat de mise à disposition ?

L'obligation du contrat écrit

Le contrat de mise à disposition doit être conclu par écrit, pour chaque salarié, au plus tard dans les 2 jours ouvrables suivant la mise à disposition.

Les mentions obligatoires du contrat

Le contrat de mise à disposition doit comporter les mentions suivantes :

  • le motif pour lequel il est fait appel au salarié intérimaire
  • le terme de la mission avec le cas échéant, une clause de renouvellement ou d'aménagement du terme (la souplesse)
  • les caractéristiques particulières du poste de travail, la qualification professionnelle exigée, le statut du salarié, le lieu de la mission et les horaires
  • la nature des équipements de protection individuelle (EPI) que le salarié doit utiliser (et s'ils sont fournis par l'agence d'intérim ou non)
  • la rémunération de référence (salaire de base + primes). Elle doit être équivalente à celle d'un salarié de l'entreprise de qualification professionnelle équivalente occupant le même poste de travail.

Les mentions facultatives

Le contrat de mise à disposition peut prévoir certaines mentions facultatives telles que :

Les mentions interdites

Toute clause interdisant l'embauche par l'entreprise utilisatrice du salarié intérimaire à l'issue de la mission est interdite.

Le pouvoir des accords de branche

L'ordonnance Macron du 22 septembre 2017 a donné aux branches des entreprises utilisatrices la possibilité de négocier leurs propres règles sur 3 thématiques :

  • la durée totale du contrat de mission (durée maximale de 18 mois en temps normal)
  • le nombre maximal de renouvellements possibles pour un contrat de mission (2 renouvellements maximum en temps normal)
  • les modalités de calcul du délai de carence

Les branches peuvent ainsi déroger aux règles du Code du travail sur ces 3 thématiques et les adapter aux spécificités de leur secteur d'activité. Toutefois, ces adaptations ne doivent pas avoir pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise.

Comment rompre un contrat de mise à disposition ?

Si l'entreprise rompt le contrat de mise à disposition avant le terme prévu, le seul recours de l'agence d'intérim sera l'action en responsabilité contractuelle pour inexécution du contrat commercial.

La rupture du contrat de mission doit être à l'initiative de l'entreprise de travail temporaire, même si elle est à l'origine d'une demande de l'entreprise utilisatrice.

Quels sont les risques d'une mauvaise application des règles ?

Différentes sanctions sont applicables à l’ETT et à l’EU. Selon les infractions, il peut s’agir soit d’une sanction civile, la requalification en CDI, soit de sanctions pénales.

Le risque de requalification en CDI

Lorsqu'à l'expiration de sa mission, le salarié intérimaire continue à travailler dans l'entreprise, sans que cette dernière ait conclu un contrat de travail avec lui ou un contrat de mise à disposition avec l'agence d'intérim, il est considéré comme lié à l'entreprise par un CDI. Dans ce cas l'ancienneté du salarié est apprécié en tenant compte du 1er jour de sa mission au sein de l'entreprise et est déduite de la période d'essai éventuellement prévue.

De même, le salarié intérimaire peut demander une requalification en CDI dans l'entreprise lorsqu'elle ne respecte pas les dispositions relatives :

  • à l'interdiction pour le salarié intérimaire d'occuper un poste lié à l'activité permanente de l'entreprise
  • aux cas de recours
  • au terme et à la durée des missions
  • aux interdictions au travail temporaire
  • à l'aménagement du terme du contrat et à son renouvellement

Le non-respect du délai de carence peut entraîner le paiement d'une amende de 3 750€.

Le risque d'amende et emprisonnement

L'entreprise peut être condamnée à payer une amende de 3 750€, portée à 7 500€ en cas de récidive, et d'un emprisonnement de 6 mois, dans les cas suivants :

  • conclusion d'un contrat de mise à disposition ayant pour objet ou pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise
  • conclusion d'un contrat de mise à disposition en dehors des cas de recours prévus par la loi
  • méconnaissance des interdictions de recourir au travail temporaire
  • méconnaissance des dispositions relatives au terme du contrat, à la durée de la mission d'intérim, au renouvellement du contrat ou à la succession de contrat sur un même poste de travail
  • conclusion du contrat de mise à disposition après un délai de 2 jours ouvrables suivant la mise à disposition
  • non-communication dans le contrat de l'ensemble des éléments de rémunération

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